PIGEON Jean-Jacques

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Tenter de faire rêver serait mon credo. Au cœur de cette troisième révolution industrielle que nous vivons, dans cette complexité bruyante d’échanges d’informations qui nous dépassent, je préfère adhérer à l’une des maximes de Marcel Duchamp (encore lui) lorsqu’il dit : « Tout l’effort de l’avenir sera d’inventer le silence, la lenteur et la solitude. » Et c’est sur le mode végétal que j’aspire à explorer et vivre ces trois termes.

Liée à mon histoire personnelle, l’utilisation de feuilles, branches ou brindilles, éléments si ordinaires, mais si universels, me permet de tenter à la fois le silence, la lenteur et la solitude. Pour filer la métaphore de l’arbre, je me développe lentement, sans urgence, au gré des errements d’une recherche incertaine, comme si la mort était loin. Corollaire de la lenteur et de la solitude, le silence est naturellement convié, et je crois que le végétal est bien la chose adéquate, tant il est synonyme de discrétion, de mutisme. Mais il ne faut pas s’y tromper, le végétal n’est qu’une apparence, derrière se niche une recherche qui voudrait s’inscrire dans une lignée qui va de Matisse aux Minimalistes mâtiné d’un Dubuffet aux aguets et en puisant ses racines dans un primitivisme originel, celui des hommes préhistoriques.

Il y a d’abord l’utilisation de matériaux locaux, trouvés à proximité de l’atelier, sur les bords de la Loire ou dans l’environnement des lieux de résidences ou d’expositions. Les brindilles de tilleul ou de platane, les branches de noisetier ou de laurier, de lierre ou de frêne, constituent toujours cette matière première, jamais utilisée telle que, mais toujours après une préparation adéquate. Nettoyer, écorcer, emballer, peindre, sont autant d’actions participant à l’acte créatif, un long travail qui permet de réfléchir au devenir. En cherchant à construire des formes simples comme des cercles, des carrés, des maisons ou échelles, des formes premières, il me semble valoriser l’irrégularité, le chaotique, l’imprévisible des éléments végétaux, bref leur spécificité. Le contraste naissant entre la rigueur des formes et l’aléatoire des tracés dans l’espace faits avec les brindilles ou les branches, crée une force visuelle et symbolique que j’oserai qualifier de poétique, un étonnement toujours recommencé.

Ni vraiment dessin, ni peinture non plus, pas tout à fait sculpture, ces objets artistiques oscillent entre le déterminé et l’indéterminé, entre le probable et l’improbable. Dans l’environnement actuel, social, politique, économique et artistique que je perçois comme agressif, je cherche une autre voie, celle de l’apaisement. Un esprit minimaliste, une simplicité baignent ces « objets spécifiques » qui n’ont que la prétention de s’offrir en premier lieu à la sensibilité du spectateur. Et c’est bien par le biais du sensible qu’il faut les aborder, en se laissant absorber par leur présence, si tant est qu’il soit possible de lâcher l’emprise du quotidien, de nos diverses préoccupations, de notre réel, pour un moment de rêve.

Jean Jacques Pigeon